Cristine Crozat, Au grand Palais 03/2015, galerie Françoise Besson à Lyon
Qu’est-ce qu’un enfant ?
Sous cette appellation générique, tout un pan de la psychanalyse s’est développé depuis environ un siècle. En effet, il a fallu attendre Freud pour que la psychanalyse, via la dimension de sexualité infantile, reconnaisse à l’enfant une existence propre en lui attribuant une sexualité. Curieusement, là où l’enfant était nié dans la société du début du XXe siècle selon l’équation : pas de sexualité/pas de sujet, Freud, en levant le refoulement fondamental sur la sexualité de l’enfant, lui a permis d’être enfin reconnu comme sujet. Dès lors, l’enfant a une sexualité et il existe comme sujet, ce qui fit scandale à cette époque « bienpensante ». Mais, force est de constater que le terme enfant est très indifférencié de celui d’infantile et aussi bien dans les Gesammelte Werke que dans la Standard Edition on retrouve le terme « infantile » comme qualificatif renvoyant à un certain nombre d’occurrences, parmi lesquelles nous choisirons pour commencer « sexualité infantile ».
Une première occurrence de sexualité infantile chez Freud
On trouve une première occurrence dans la lettre 52 dans laquelle Freud, après avoir essayé de faire concorder les idées de Fliess avec les siennes, à propos de la différence entre neurasthénie et névrose d’angoisse, définit l’hystérie comme étant « plus le résultat du rejet d’une perversion que d’un refus de la sexualité ». Il définit alors un substrat sexuel de l’enfance : « À l’arrière-plan, se trouve l’idée de zones érogènes abandonnées. Au cours de l’enfance, en effet, la réaction sexuelle s’obtient, semble-t-il, sur de très nombreuses parties du corps ; mais, plus tard, ces dernières ne peuvent plus produire que l’angoisse du 28e jour et rien d’autre. C’est à cette différentiation, à cette limitation, que seraient dus les progrès de la civilisation et le développement d’une morale tant sociale qu’individuelle ».
Voici donc l’idée développée par Freud selon laquelle :
a) Dans le grand ensemble « Enfance », il existe des zones érogènes sur de très nombreuses parties du corps.
b) C’est à renoncer (refouler) à cette érogénéisation de ces parties du corps de l’enfant que la civilisation doit son progrès.
Freud définit là un premier et un second temps « d’enfance » qu’il différencie par le travail dû au refoulement. Pourrait-on dire que c’est une façon déjà d’introduire la distinction entre infantile et enfance ? L’infantile ne permettant que de « jouir » des zones érogènes de toutes les parties du corps sans refoulement et, par conséquent, sans lien social nécessaire au « progrès de la civilisation », ce dernier ne pouvant être introduit que par la morale et donc par un refoulement « complet » du plaisir produit par les zones érogènes de tout le corps. C’est sans doute sur ce point que toute question de l’éducation se révèle d’un grand intérêt. En effet l’éducation ou sa potentialité a beaucoup à voir avec la capacité de renoncement de l’enfant à être ce petit pervers polymorphe tel que Freud l’intitulait .Non seulement à renoncer donc à jouir par tous les bords mais également à se constituer comme sujet , sujet du désir, sujet au désir.
Cette reconnaissance de la sexualité infantile et/ou de l’enfance est une question vive puisqu’elle va contribuer d’une part à la différenciation encore entre infantile et enfance et d’autre part à préciser pour Freud cette difficile question de la séduction traumatique infantile ; et par conséquent de l’obliger à introduire la dimension du fantasme pour préciser ou se trouve le sujet.
La séduction traumatique précise le débat sur l’infantile
En effet, dans la note 1 de la lettre 69 , on retrouve Freud embarrassé et amené à apporter un rectificatif en 1924 d’un texte écrit en 1896 dans lequel il indique qu’à l’époque à laquelle il avait écrit ce premier texte il n’avait pas encore su distinguer des souvenirs réels les fantasmes des analysés, relatifs à leurs années d’enfance. En conséquence, dit-il, « j’attribuais au facteur étiologique de la séduction une importance et un caractère général qu’il n’a pas. Après avoir réparé cette erreur j’ai pu reconnaître les manifestations spontanées de la sexualité infantile et les ai décrites dans mes Trois essais sur la théorie de la sexualité » (1905 b).
LE SUJET CHEZ LACAN
Après avoir situé le réel, et introduit cette notion pour la première fois à propos de la pulsion et de sa satisfaction, Lacan invente l’« objet a », remanie l’articulation entre pulsion et satisfaction et spécifie cette articulation comme sexuelle.
C’est dans ce cadre et à partir de là que Lacan va introduire une partie de sa théorie du sujet de l’ICS
Ce que l’on peut dire pour la pulsion orale vaut tout autant pour les autres pulsions au cours des trois temps qui en scandent le trajet : un temps actif, « manger, chier, voir, entendre » ; un temps passif, « être mangé, être chié, être vu, être entendu » ; un temps réfléchi, « se faire manger, se faire chier, se faire regarder, se faire entendre ».
Introduction à la topologie du sujet
C’est dans ce troisième temps que Lacan introduit, après Freud, « ein neues Subjekt », le sujet : nouveau sujet, un appareil lacunaire qui, dans cette lacune même, instaure la fonction d’un certain objet, en tant qu’objet perdu : statut de l’« objet a » présent dans la pulsion. Il faut préciser ici que Lacan introduisant la dimension du sujet le fait équivaloir à l’autre : « Le sujet, qui est proprement l’autre, apparaît en tant que la pulsion a pu fermer son cours circulaire. C’est seulement avec son apparition au niveau de l’autre que peut être réalisé ce qu’il en est de la fonction de la pulsion » et, dans le même temps, Lacan fait passer la conception de l’appareil psychique de la géométrie du moi à la topologie du sujet. Cette topologie permet d’aboutir à un réel du sujet mettant en jeu, cette fois, des objets topologiques qui ne s’appréhendent qu’au travers du vide du sujet ayant dès lors un véritable statut de concept Grunbegrief (Begrief vient de greifen : saisir). Ce qui, sans doute, nous renvoie à la polémique autour du « mythe pulsionnel » freudien auquel Lacan a préféré donner le terme de fiction ; mais cette introduction du terme de sujet par Lacan n’est pas un terme freudien. Cependant, il a pour but de ne pas annuler de l’inconscient freudien sa dimension d’insu (Unbewusste). Là où il y a sujet de l’inconscient, il y a division. On ne peut dire « Je » qu’à être divisé. Le sujet n’est rien de substantiel dans cette pulsation d’ouverture-fermeture de l’inconscient, ce moment d’éclipse qui se manifeste dans l’Unbewusste. Autrement dit, on pourrait transcrire tout ceci de la façon suivante :
Le sujet $ appréhende l’« objet a », le sein maternel, en tant qu’objet de désir, $ <> a, en même temps, <>, qu’il en est privé. C’est sur le fond de cette perte que l’enfant va solliciter le désir de l’autre, ce qui va, dans le troisième temps, permettre aux pulsions leur effectuation et à ce nouveau sujet de faire son apparition ; $ <> a, formule du fantasme contemporaine de sa constitution chez l’enfant.
Constitution du fantasme qui fait question dans la période infantile, dans la mesure où celle-ci laisse l’enfant réduit à un fonctionnement psychique métonymique.
PAS DE SUJET AVANT LE FANTASME ?
Il n’y a donc pas de sujet avant s barré poinçon petit a ce qui pose la question de ce qu’il en est du fantasme chez l’enfant. Question qui nécessairement relance une autre question : si l’on considère que l’immaturation du petit parlêtre le voue jusqu’à une certaine époque à une structuration plus tôt Métonymique, alors peut-on parler de fantasme à cette époque ; dans la mesure où celui-ci requière pour s’élaborer de pouvoir recourir à la fois à la métonymie et également à la métaphore. Donc il faut pour examiner ces questions nous reporter à la constitution du premier jeu, c’est-à-dire du fort da que l’on doit bien considérer comme une première forme des prémices de la métaphore. Pourtant j’introduirai la distinction suivante : la bobine tient lieu de métonymie c’est-à-dire de partie de la mère pour son tout et le jeu en lui-même de matrice d’une métaphore (remplacer qqch. par autre chose) qui ne se constitue véritablement qu’à devoir phonétiser cette absence en la remplaçant par une opposition entre deux mots : « partie ; la voilà » ou plus prosaïquement par une opposition phonématique « O ! A ! ».Il faut tout de même préciser que c’est dans l’opposition du phonème au geste que se constituent les prémices de la métaphorisation ;en effet c’est parce que l’enfant peut dire partie alors que la bobine est proche ou la voilà alors que la bobine est loin qu’il va pouvoir maîtriser cette absence autrement que jusqu’alors c’est dire que l’on passe du processus hallucinatoire à l’opération métaphorique qui introduit simultanément la fonction de la parole et du langage puisque dès lors le mot peut également servir à désigner quelque chose d’absent et ,surtout, servir à n’avoir plus besoin de la chose pour un temps.
Mais à ce stade on ne peut pas encore parler de fantasme car l’enfant remplace terme à terme l’absence du personnage qui manque par un jeu avec un objet auquel il associe deux phonèmes qu’il oppose et qu’il répète, on peut dire deux phonèmes qu’il conflictualise pour garder le fil de ce que je disais à propos de Freud et Lacan. Donc il ne s’agit pas d’un scénario, mais de la répétition du remplacement de qqch. par autre chose associé à une phonèmatisation à l’identique sans donner lieu à une quelconque interprétation. .En effet le scénario du fantasme débute avec le passage d’une transposition à l’autre et surtout avec le passage de la position de spectateur qui constate l’enfant battu par le père à une première interprétation qui donnera lieu à la première transposition, résultat de cette interprétation : « mon père me bat : il m’aime ! » Et à partir de là à tous les autres scénarios dans lesquels l’auteur du fantasme disparaît au profit des différentes substitutions auxquelles ce même fantasme donne lieu. Et ce n’est pas pour rien que Freud introduit la question du fantasme à partir de l’agressivité ou encore de la violence sur l’objet dans la question de l’amour puisque le rapport de l’enfant à ses objets comporte d’entrée de jeu cette dimension amour haine avec laquelle il ne peut pas encore jouer, donc avec laquelle il ne peut pas encore fantasmer. C’est dans ce même fil que Winnicott se livre à la mise en scène d’un petit duo entre le sujet et l’objet (jeu et réalité GALLIMARD 1975 P.125) : « le sujet dit à l’objet ‘hé ! L’objet, je t’ai détruit.’ Et l’objet est là, qui reçoit cette communication. A partir de là, le sujet dit :’’hé !l’objet je t’ai détruit. ’Je t’aime.’ ‘Tu comptes pour moi parce que tu survis à ma destruction de toi.’ ‘Puisque je t’aime, je te détruis tout le temps dans mon fantasme inconscient.’
Ici s’inaugure le fantasme chez l’individu. Le sujet peut maintenant utiliser l’objet qui a survécu .On entend bien qu’il ne s’agit pas encore du fantasme Freudien : « on bat un enfant » car il n’y a encore que deux protagonistes, le sujet et l’objet sans spectateur ; mais il n’y a surtout pas encore le niveau d’interprétation qui fera par la suite tout le mobile du scénario du fantasme, mobile au sens où l’on parle de mobile du crime. C’est toute la différence entre désirer l’objet et désirer le désir de l’objet. Il n’y a pas encore l’intervention d’un tiers entre le sujet et l’objet dont l’enfant pourrait tirer la conclusion comme dans « on bat un enfant » que c’est parce que le tiers bat le frère qu’il l’aime, et surtout par conséquent, que pour être aimé il faut construire un scénario dans lequel Je prends la place de l’enfant battu. Mais je dirai que si cette étape n’est pas en fonction pendant un certain temps c’est pour des raisons qui concernent le manque de métaphorisation ,normal jusqu’ à une certaine époque .A cet égard la distinction que fait Winnicott(JEU ET REALITE P. 56 ,58, 59, 70) est très éclairante ;en effet dans le jeu il distingue le « playing » du « game », « Et l’on peut tenir les jeux(games),avec ce qu’ils comportent d’organisé, comme une tentative de mettre à distance l’aspect effrayant du jeu (playing) »(IBIDEM P. 71)je dirai donc que l’enfant pendant assez longtemps ne dispose que du playing c’est à dire de la dimension répétitive du jeu qui le satisfait momentanément à la manière du rétablissement d’une certaine homéostasie en rendant par exemple sa mère présente par la maîtrise de l’objet(bobine) ;pourtant avec le playing il sort déjà du processus hallucinatoire en transposant l’image mentale par un objet dont il répète la présence sans pour autant pouvoir introduire de variation, c’est ce que l’on constate jusque très tardivement dans certaines psychoses infantiles. Mais il ne dispose pas encore du game c’est-à-dire de ce qui fait que la mise en place d’un scénario requière un certain nombre de’ règles du jeu’ pour pouvoir s’établir et qui nécessite de pouvoir recourir au déplacement et à la condensation sur le modèle du rêve ou du mot d’esprit .Mais cela suppose ce que j’appellerai une certaine forme de maturation ou plus exactement d’acquisition de la métaphore qui rende possible le game. On peut déjà tirer quelques conséquences de cela ,ou quelques observations qui concernent la pratique de l’analyse avec les enfants .En effet le dessin et le travail avec les dessins ou le jeu dans la séance sont d’une nature toute différente s’il s’agit du playing ou du game ,je veux dire par là que si la fonction du fantasme est acquise ou pas ,la nature même du dessin et du jeu prendra une valeur différente .De la même façon on peut distinguer une masturbation purement susceptible de produire une baisse de tentions d’ une masturbation qui a recoure au fantasme pour se dérouler on peut également constater cette différence dans les psychoses infantiles. Ceci suppose par conséquent qu’il y a jusqu’à une certaine époque un imaginaire sans fantasme ou le dessin est la production à l’identique du rapport entre un signifiant et une signification sans que le ‘game’ puisse encore s’instaurer qui permette à ce dessin de multiples significations .Il s’agit bien toujours du problème de la constitution du sujet qui pose la question de savoir comment on passe de l’imaginaire au symbolique, ce qui serait encore une manière de situer à nouveau comment on passe du playing au game ;mais je préfèrerai dire comment le Réel, le Symbolique et l’imaginaire deviennent strictement équivalents tels que Lacan nous l’indique dans R.S.I.
Dans les premiers jeux, ceux que l’on peut appeler playing, l’enfant semble essayer de se sevrer de l’objet sans pouvoir y parvenir puisqu’il ne dispose pas encore du fantasme comme on vient de le voir .Il se situe à cet instant dans une simple ébauche du fantasme que l’on peut écrire S barré sans poinçon a. On s’aperçoit grâce à Freud* dans : « au-delà du principe de plaisir » que les apparitions et disparitions de l’objet tentent de symboliser ces éclipses intermittentes de la mère dont l’enfant se rend maître et se venge en les transposant sur un autre plan que celui où il les vit ; mais ça n’est pas pour autant que l’on puisse déjà parler de scénario, de game donc. Dans ce cas l’enfant essaie plus prosaïquement d’avoir prise sur une réalité qui lui échappe. Avec le stade du miroir c’est l’essence même du sevrage qui apparaît dans sa dimension originaire et constitutive en deçà de tout évènement. Le sujet n’a pas d’antériorité à ce monde de formes qui le constitue par elles, en elles et ce de façon originairement divisé. Dès ce moment l’idée de la simultanéité de la constitution et de la perte est posée et le sujet s’en constitue lui-même comme éclipsé d’un signifiant à l’autre. (Voir le séminaire 2005 2006)
Donc pas de sujet déjà constitué d’avance et pas de sujet autre que troué. Ces deux remarques vont nous faire reprendre le fil Dolto pour l’opposer au fil Lacan car comme nous allons le voir sur la question du sujet et de sa constitution ils s’opposent
LA CONCEPTION DU SUJET CHEZ DOLTO
Pour Françoise Dolto la conception d’un sujet ‘déjà là’ entraîne forcément qu’il ne peut pas être ‘troué’ .Il faut bien reconnaître son mérite d’avoir tenté de donner une conception du sujet d’avant la parole parlée c’est à dire d’avant que le signifiant le représente pour un autre signifiant.
Mais ce mérite l’entraîne en fait à concevoir un sujet de désir et en tant que tel ‘déjà là’ avant sa conception ; le désir présidant à l’advenir de l’être humain au monde. Si on éprouve déjà quelque difficulté à la suivre sur une antériorité du sujet avant sa naissance, en revanche on peut la suivre lorsqu’elle précise ce qu’elle entend par sujet de désir : « l’être humain est une incarnation symbolique de trois désirs ,celui de son père, celui de sa mère, et le sien, en tant que trois êtres de langage »** (DOLTO 1971 LE CAS DOMINIQUE , POINTS ,PARIS .ED.LE SEUIL) ) ;pourtant dans ce cas il s’agit plus d’un objet de désir que d’un sujet et ce qui est ‘déjà là ‘c’est non pas tant le sujet mais la place à laquelle cet enfant est attendu et pourquoi pas désiré pour chacun des parents. En d’autres termes le sujet que conçoit Dolto est un sujet dont elle fait la supposition :’d’être sujet pour ses parents’. Elle conçoit en fait une ‘source autonome de désire qui s’introduit dans la chaîne de discours des parents en tant que signifiant ‘(1987). Mais il me semble que ce que Françoise Dolto ne peut pas concevoir c’est la question du trou et c’est pourquoi il y a toujours du ‘déjà là’ au prix de révéler ce qui est la véritable substance de ce désir et du sujet L(DOLTO AUTOPORTRAIT ) « il n’y a pas de sujet sans dieu Si j’existe c’est parce que dieu existe .Je ne peux pas exister sans dieu »Et la conséquence vient alors très vite :(1986) « Dire que c’est dieu qui s’est incarné sous la forme de chaque être humain, pourquoi pas ? »Et bien entendu Françoise Dolto s’étonne alors que les psychanalystes ne s’en soient pas aperçus plus tôt et impute à Lacan d’avoir lui-même eu peur de cela (LAUTOPORTRAIT P158) « C’est très curieux que les psychanalystes ne s’en rendent pas compte !évidemment, pour Lacan, le sujet c’était un trou ; il avait peur de ce gouffre qu’était le sujet selon lui »
Mais alors, en résumé qu’elle réponse apporter face au trou ?assurément pour Dolto c’est la conviction en dieu et des lors : « s’incarner est un acte du sujet dieu (1989 AUTOPORTRAIT D’UNE PSYCHANALYSE p 159). Il est clair que le sujet dont parle Dolto est le sujet philosophique et plus le sujet de l’inconscient. Un sujet philosophique donc dans la plus pure tradition de Kierkegaard :’le péché contre l’esprit c’est de ne pas s’assumer soi-même car on est fait à l’image de dieu ‘.Tout ceci en droite ligne de l’idée biblique selon laquelle dieu a fait l’homme à son image, par conséquent au commencement était l’homme à l’image de dieu et non le verbe. Une image que la psychothérapie est en mesure de pouvoir restaurer de telle sorte que cet acte soit une bonne action au sens religieux. Cette dernière dérive donne une idée des raisons pour lesquelles certains élèves se recommandant de Dolto peuvent avoir cette pratique sectaire CAD délibérément religieuse.
Mais c’est avec cette définition du : « tout est langage » que l’on touche au renversement que fait Dolto de la théorie Lacanienne du sujet .En effet dans cette proposition Lacan ne reconnaît comme étant déjà là que le signifiant en tant que grand Autre trésor des signifiants : « l’Autre ,le grand Autre est déjà \là, dans toute ouverture si fugitive soit elle, de l’inconscient » (Lacan 1963.1964 P.118)Cette différence touche à la difficile question du corps dans la psychanalyse avec les enfants et ,bien entendu notre positionnement sera très différent si on considère que ce ‘tout est langage’’ suppose que le corps soit un langage ou non .il faut s’en remettre à certains autre disciples se recommandant de Dolto et qui à l’heure actuelle ont développé l’Haptonomie pour se rendre compte de l’écart et des conséquences produits par ces deux conceptions du sujet.
Robert LEVY
Psychanalyste à Paris
co-fondateur de l’association « Analyse Freudienne »