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En passant par la Lorraine avec…

Chantal Cazzadori, psychanalyste

…mon petit livre d’histoires de boulot…

Bienvenue près de la Moselle, à deux pas de la Cathédrale de Metz où se découvre GERONIMO, une librairie ouverte au plaisir de lire.
De grands classiques à la littérature la plus expérimentale, nous pouvions y trouver ce jeudi 12 décembre 2013, un livre sur l’Effroi, celui du néo-management, en vitrine et en débat..

L’astucieux « Géronimo », Jacques Fourès, soutenu par une association de lecteurs gourmands et fidèles, vous invite à visiter leur site : www.meridienne-metz.fr/ car ils entendent tisser des liens, dans un espace où le livre est un vecteur fondamental de culture.
Chantal Cazzadori, l'effroi du néo-managementL’accueil y a été parfait. Plus que détenteur du Label LIR, label de qualité décerné pour trois ans par le ministère de la Culture et de la Communication, cet espace est animé par le libraire Jacques Fourès ainsi que par sa petite équipe qui savent, vraiment, nous recevoir. Passionnés, documentés, ils prennent le temps de nous donner le conseil attendu pour faire notre choix. Nous retrouvons là les valeurs du métier, le professionnalisme, l’humain au coeur du projet, devenant ainsi sujet désirant, soit un client de qualité pour un service de qualité.

Chantal Cazzadori, Pysychanalyste Rencontres à MetzLes rencontres y sont nombreuses, conférences, échanges et débats avec les auteurs sont organisés à l’étage de la librairie Géronimo. Chacune des marches de l’escalier nous invite à l’association d’idées : lire seul, découvrir, regarder, discuter, partager, lire ensemble. .. Le sexe et l’effroi, les solidarités mystérieuses, Villa Amalia se bousculent. C’est sur les pas de Pascal Quignard qui était l’invité de ce si beau lieu, juste quelques jours avant la présentation de mon ouvrage que je suis entrée dans cette « maison » du livre. Habitée par l’univers de l’écrivain, je me suis sentie portée par le mien, pour commencer le récit de ma démarche d’écriture.
Chantal Cazzadori et Arcelor MittalIl se trouve que la Lorraine est pour moi porteuse de tant de souvenirs d’enfance que l’émotion m’a submergée dès que j’ai pris la parole ! Juste le temps de reprendre le fil de mes idées, pour me rappeler, si c’était encore nécessaire que ce livre n’est pas né de nulle part. Sa trame s’enracine ici, dans le pays des mines de fer, où l’histoire familiale a eu des lettres de noblesse, de change, de crédit, d’amour et de haine. C’est en toutes lettres, avec des mots et des chiffres que j’ai pu mettre au débat les lecteurs venus là, pour partager ce thème de la nouvelle organisation du travail, si délétère pour la santé psychique et physique des salariés d’aujourd’hui.
Jacques Fourès, est pris également dans les effets de la culture ultra-libérale, où le peu de temps pour lire, pour penser, pour se réunir et en débattre est devenu encore plus précieux. Il réussit tant bien que mal à résister à l’emprise de la société de consommation qui nous consume. Il nous offre ce texte : « le paradoxe du libraire »* où lire fait acte d’amitié et de partage.
Entre le centre Pompidou-Metz, ses musées, sa Cathédrale et la librairie de Jacques , je me dis que mon livre est dans de bonnes mains.. Ici, les liens sociaux ne se délitent pas, le collectif reprend sa place, on s’y sent comme chez soi. Un lieu incontournable donc, dans cette Lorraine si dévastée par la fermeture des mines et des usines. Rappelez-vous : Arcelor Mittal est à deux pas de là, à Florange.
MERCI GERONIMO
Chantal Cazzadori
L’association « A PROPOS… DE PSYCHANALYSE »
L’aventure ne s’est pas arrêtée là. Invitée par l’association « à propos.. », dont le président est Philippe Woloszko, psychanalyste et psychiatre à Metz, j’ai participé quelques heures plus tard, au séminaire de l’association dans le même lieu. Devant un public composé de travailleurs sociaux, psy etc., j’ai davantage développé mon discours, sur un versant plus analytique. Par exemple j’ai élaboré les questions suivantes :
– Comment étaient appréhendées les notions de transfert, d’identité, voire d’identification dans ma pratique de cabinet conseils en entreprises ? Ou encore : la pluridisciplinarité serait-elle un avantage ou un inconvénient quand nous exerçons plusieurs pratiques sous-tendues par des concepts théoriques différents ?
En me documentant sur l’histoire de cette association, j’ai relu l’argument du 20ème colloque qui a eu lieu en 2010, à l’Auditorium du Centre Pompidou-Metz. De quoi s’agit-il ?
« L’Association A propos a vingt ans.
À propos de psychanalyse
Vingt ans, le temps d’une génération. Le temps d’un bref arrêt pour se retourner sur le chemin parcouru, d’un état de ces lieux où la psychanalyse s’impose, en intension comme en extension : de la naissance à la réception du sujet, des sciences à la culture, des soins à la cure, de la cure à la cité.
Mais, en ce début du 21ème siècle, la psychanalyse s’expose aussi à de virulentes critiques et à de multiples tentatives d’éradication. Il importe donc de prendre en compte, plutôt que le chemin parcouru, le chemin à parcourir. À ne regarder que derrière soi, la psychanalyse se changerait vite en statue de sel et ne s’exposerait plus, demain, qu’au musée !
Comme le dit le poète: « il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant ». La psychanalyse doit continuer à s’inventer et A Propos essaye d’y contribuer à sa mesure depuis vingt ans. »

voir leur site : www.aproposmetz.com/ C’est en effet dans cet état d’esprit que je me déplace, pour transmettre également mon désir d’analyste, au-delà du dispositif « patient-divan-fauteuil », afin de porter un autre discours sur les réalités sociales, politiques, culturelles du monde qui nous entourent, en axant bien mon propos, dans une perspective d’ouvrir le débat sur le travail et ses nouvelles méthodes managériales qui nous asservissent. 
Ce fut un déplacement doublement réjouissant qui m’encourage à continuer le chemin de la lutte contre l’interdit de penser ou sa difficulté, sachant que la passion de l’ignorance est celle qui nous dé-subjective sans égards !
Je remercie vivement les membres de l’association et leur président Philippe Woloszko qui sans leur soutien amical et leur bonne curiosité, cette aventure qui permet à mon livre de rencontrer son public, n’aurait pas vu le jour.

Chantal Cazzadori
membre actif de l’association Analyse Freudienne à Paris.

www.analysefreudienne.net/

*Texte de Jacques Fourès :
LE PARADOXE DU LIBRAIRE

Photos de FreudJ’ai longtemps pensé comme une évidence que la lecture m’aiderait à trouver « mon unité », une cohérence, une théorie, pourquoi pas même un salut. Que je tiendrais un jour peut-être le rôle du lecteur idéal, celui qui accompagne secrètement l’écrivain pendant l’écriture, perché sur son épaule.
Moi, dont la fonction de libraire exigeait que je lise pour les autres, pour passer les textes, sélectionner, mettre en scène les livres, je constatai pourtant de manière de plus en plus nette, que j’étais en lisant d’abord le lecteur de moi-même.
Ce constat déconcertant, loin d’assécher ma passion pour la librairie, l’a transformée, revivifiant le désir de « faire part aux autres » ; comme si je sentais qu’il fallait accepter cette désorientation, en épouser la forme, pour mieux profiter de sa force.
Et puis comme chacun sait, à propos de désorientation, la librairie a failli perdre le nord !
Depuis 1994, Pascal Quignard est venu à neuf reprises chez Geronimo. Il est vite devenu évident qu’il n’y avait dans cette répétition s’installant, ni stratégie d’éditeur, ni rituel marchand mais bien autre chose. L’amitié puisque c’est de cela dont il s’agit se bâtissait pour moi.. en même temps qu’une autre façon de lire.
Savoir si les livres s’adressaient à moi ou bien même à qui ils s’adressaient importait bien moins que ceci : ils ouvraient des espaces où le mouvement était possible, où je pouvais m’aventurer, en accepter le risque, les ombres, l’errance justement pour continuer d’avancer. Des espaces où il y aurait du « jeu » et ou précisément les jeux ne sont jamais faits ! (Barthes). Pascal Quignard, pour moi, est celui qui redéfinit en même temps qu’il réaffirme sans cesse, la force inouïe, de la lecture. La lecture qui ouvre aux émerveillements, aux éclats de voix, à la libération, aux transgressions, aux « solidarités mystérieuses » comme un appel pourtant silencieux à entrer dans la maison de l’auteur.
« Lire est une expérience qui transforme de fond en comble ceux qui vouent leur âme à la lecture. Il faut serrer les vrais livres dans un coin car toujours les vrais livres sont contraires aux moeurs collectives. Celui qui lit vit seul dans son « autre monde » dans son « coin » dans l’angle de son mur ». (La barque silencieuse, page 61).
Recevoir Pascal Quignard, c’est aussi écouter cette voix profonde autant que murmurée, tête penchée, basse, du lecteur. Il fait de la librairie un lieu du « Pays de la littérature » cher à Pierre Lepape.

Jacques Fourès, librairie Geronimo
2, rue Ambroise Thomas 57 OOO Metz
tél : 0387744801
Librairie Géronimo