Exposition « Splendeurs et misères » – Musée d’Orsay
“Splendeurs et misères”
C’est ainsi que s’intitule l’exposition sur la prostitution au Musée d’Orsay, actuellement organisée à Paris.
“Les artistes ne s’emparent que tardivement, au cours du XIXe siècle, de la figure de la prostituée. C’est que le sujet est moderne ! Il faut repenser sa vision du corps de la femme, affronter ses propres fantasmes sexuels et la mort qui rôde autour, dans le sillage de la syphilis ; il faut savoir aussi regarder derrière les apparences, rendre à ces filles que l’Etat a voulu enfermer dans les maisons closes leur dignité. L’exposition du Musée d’Orsay avec ses images de la prostitution 1850-1910, est la première consacrée à ce thème. Elle en dévoile toute l’ambiguïté et montre quel rôle il a pu jouer dans l’avènement de l’art moderne.” (1)
Le plus vieux métier du monde.
Prostituer vient du latin prostituere, “exposer au public”, “mettre devant”. C’est la première fois qu’elle obtient les honneurs d’un grand Musée, après avoir nourri sa popularité sulfureuse à travers quelque feuilleton télévisé, et ce malgré des études approfondies. Cette profession a toujours existé, Hérodote, l’évoque V siècle avant Jésus-Christ.
L’un des plus grands sociologues spécialiste du sujet, Alexandre Parent-Duchâtelet, cite Saint Augustin : « Si l’on supprime les prostituées, les passions bouleverseront la société ; si on leur donne la place qui est réservée aux femmes honnêtes, tout se dégradera dans la souillure et l’ignominie ». Et de conclure qu’il faut maintenir leur place au sein de la société, quand bien même celle-ci serait la plus basse.
Le XIXème siècle va réglementer la débauche. Enfermée, astreinte à un règlement, “la fille de noce”, bien que la prostitution ne soit pas illégale, est inscrite sur les registres de la préfecture de police et soumise à un contrôle sanitaire régulier, la syphilis est le spectre comme prix à payer…
Plus la répression est rude, plus l’opposition au système réglementariste s’affirme. Féministes et monde ouvrier soutenus par Clemenceau luttent au sein de la ligue des droits de l’homme. Mais, faute de bonne volonté politique, cette opposition n’aboutit pas. Le mâle dominateur, surtout en politique, n’a guère d’intérêt à émanciper la femme. Il faut attendre 1946 et la loi Marthe Richard pour que la France adopte le régime abolitionniste. On ferme les maisons de tolérance et les services de prévention et de réadaptation sociale sont créés. Il faut attendre 1960 pour que notre pays signe la convention de l’ONU de 1949 « pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui ».
Le regard des écrivains, sur la violence faite aux femmes.
Parmi eux, seul Victor Hugo, défend leur dignité avec le plus de force. Il écrit dans Claude Gueux en 1834: “Le peuple a faim; le peuple à froid. La misère le pousse au crime ou au vice, selon le sexe. Ayez pitié du peuple, à qui le bagne prend ses fils, et le lupanar ses filles”.
En 1862, dans Les Misérables dont le personnage est Fantine, on peut lire :
“Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Fantine ? C’est la société achetant une esclave. A qui ? A la misère..(..) La sainte loi de Jésus Christ gouverne notre civilisation, mais elle ne pénètre pas encore. On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, et il s’appelle prostitution.”
De même “Boule de suif” (1880) nous rappelle à quel point la prostituée est une figure dominée et méprisée par le reste de la société. Guy de Maupassant, n’est pas un écrivain réaliste pour rien, dans La Maison Tellier il présente un éclairage optimiste de la prostitution, il brosse le portrait d’une maison close de province et des pensionnaires qui la peuplent. L’écrivain attaché à la description des mœurs, nous en apprend beaucoup sur la vie quotidienne des prostituées.
En 1892, Octave Mirabeau déclare dans son livre “Le journal d’une femme de chambre”, que la femme “n’est pas un cerveau, elle est un sexe, rien de plus”.
Les Courtisanes : une violence faite aux hommes !
“La courtisane, comme la prostituée, vit de ses charmes, mais la comparaison s’arrête là; tandis que la seconde est contrainte de se donner au premier venu, les hommes se jettent aux pieds de la première. Par son intelligence et sa capacité à créer un personnage, à faire de la personne un mythe, la courtisane se hisse au sommet, jusqu’à devenir prescriptrice en matière de goût”. (2)
Par leur aura, les courtisanes fascinent les hommes, les artistes et, bien sûr, les écrivains. Elles sont les héroïnes de nombreux textes littéraires. Musset, Baudelaire ou Zola, tombent sous leur charme.
Le Bourgeois décomplexé, regard des peintres.
Dans cette hiérarchisation de la prostitution gît la hantise de l’encanaillement du bourgeois.
“C’est d’abord un problème urbain et économique. Avec la révolution industrielle, puis l’exode rural provoqué par la concurrence mondiale, les grandes villes deviennent surpeuplées : pour un million d’habitants en 1850, Paris en compte presque le double vingt ans plus tard”, nous dira Richard Thomson.
Degas va montrer à l’intérieur des bordels de Luxe que l’apparition d’un seul client pour éviter toute rencontre compromettante. Preuve qu’il ne fréquentait pas n’importe quels lieux.
Toulouse-Lautrec va nous révéler l’envers du décor. La maison close est leur pension. Cette vie particulière que Victor Hugo a qualifiée d’esclavage, Toulouse-Lautrec est l’un des rares à la documenter de façon aussi précise, dans des œuvres douces ou désenchantées. D’un côté la lubricité de la fille dite de “joie”; de l’autre, l’ennui, la tristesse et le dégoût d’une vie que seule l’affection entre les filles apaise.
Edgar Degas, illustra sa vision de la femme ambiguë. Degas venant des sphères de la haute bourgeoisie, même s’il fréquenta le bordel durant ses jeunes années, il semblerait que ses intentions n’aient plus été qu’artistiques passé la trentaine, ainsi que l’affirme Van Gogh.
L’Icône moderne
“L’irruption de “l’art nègre”, selon l’expression de l’époque, dans le lent processus d’élaboration des Demoiselles d’Avignon (1907) de Picasso, ne se fait pas non plus par hasard : prostituées et filles primitives sont l’incarnation véritable de la féminité moderne. Les artistes renouant au passage avec un mythe plus ou moins bienveillant : celui de la femme restée primitive, dans tous les sens du terme”. Revue l’objet d’art, p. 40.
La prostitution vue sous l’angle de la psychanalyse.
Comme nous l’avons entraperçu dans ce qui précède, la prostitution occupe une fonction. La société n’est pas sans nous signifier son malaise d’autant mieux encore, quand la démocratie n’a plus cours. En effet, partout où le contrat social et la société civile perdent de leur efficacité, la prostitution devient le symptôme du malaise. La guerre et son cortège de viols des femmes est inscrit dans l’histoire des civilisations. Poser la question de l’acte prostitutionnel c’est nous renvoyer à celle-là même que pose tout viol. A partir des lieux de guerre, nous pouvons-nous pas recenser les personnes prostituées dans nos villes ?
Mais en fait de quel malaise s’agit-il ? Du point de vue psychique, Il n’est autre que le malaise inhérent au désir lui-même. Ainsi, la prostitution s’est toujours trouvée, à la place imaginaire d’offrir une alternative au malaise inhérent au désir; en s’achetant du sexe, l’homme pense saturer son vide existentiel, se combler, satisfaire sa pulsion qui ne cessera de toute manière de le harceler, car jamais assouvie complètement, elle reviendra à la charge. Cette énergie sexuelle somatique et psychique appelée libido, chez Freud, deviendra pulsion de vie et pulsion de mort dans sa théorisation définitive. Dans l’appareil psychique, Freud juge ce concept comme indispensable à la psychanalyse : “La pulsion de mort aurait comme tâche – jamais achevée, toujours à recommencer – qui consiste à rabaisser l’excitation et, donc, la tension de l’organisme au degré le plus bas possible. A première vue, c’est la recherche de la satisfaction – le principe de plaisir- qui ramène le sujet par la décharge pulsionnelle, à ce point d’étiage (niveau zéro). Mais, plus fondamentalement, Freud y voit aussi l’expression de la pulsion de mort, au niveau minimum d’excitation, est en quelque sorte l’écho de la tendance qui pousse l’organisme à revenir à son origine, à son état premier de non-vie, c’est-dire à la mort”. (3)
Mais il ne suffit pas d’être en guerre pour pratiquer la prostitution. Récemment, le 14 novembre paraissait dans Libération un article sur l’exploitation sexuelle des mineurs au Japon. Tokyo a vu rouge après les propos d’une responsable de l’ONU dénonçant les lacunes de la lutte contre la sexualisation et la marchandisation des enfants de l’archipel. Maud de Boer-Buquicchio, rapporteuse spéciale de l’ONU sur le trafic d’enfants et la pornographie impliquant des mineurs, avait affirmé que 13% des écolières japonaises acceptaient des rendez-vous rémunérés pouvant inclure une relation sexuelle. Une pratique appelée enjo Kosai, “aider et sortir ensemble”, au Japon. Il s’agirait aussi d’une tolérance sociale et institutionnelle face à la délinquance sexuelle autour des mineurs.
Même dans notre encadrement législatif concernant la prostitution, seul l’aspect moral, éthique ou politique de celle-ci, sont pris en compte, les effets cliniques ne se débattent pas. L’acceptation du mythe de la prostitution – selon lequel il s’agirait d’un travail comme un autre, ou bien qu’il existerait une prostitution volontaire – repose sur la même idée que l’on retrouve chez les violeurs ou les pédophiles :
« Elle l’a bien cherché, elle m’a accosté et a mis des vêtements pour m’aguicher », ou bien encore « elle disait non, mais en réalité, elle voulait que ce soit oui ». Propos recueillis par Robert Levy.
Toutes les tranches d’âges sont concernées chez ce consommateur de sexe. La majorité des clients (47,6 %) ont entre 30-50 ans.Toutes les situations sont présentes : célibataires, divorcés, en couple ou mariés. Si les deux premières parties sont majoritaires, ils sont 69,8% à vivre ou avoir vécu en couple. Par ailleurs, ils sont plus de la moitié à être père. Une surreprésentation des cadres, employés et chefs d’entreprise, indique l’aspect financier de l’affaire. (4)
En fait, le consommateur de prostitution va tenter de réaliser cette part maudite pour résoudre son malaise inhérent à son désir : solitude, misère sexuelle, impuissance ou, plus banalement, petits extras fantasmatiques hors d’une vie familiale souvent bien rangée. Comment mieux éviter ainsi l’investissement amoureux qu’il s’agirait d’assumer dans une histoire extraconjugale avec une maîtresse ? Sans oublier de la liste des causes, celle des perversions en tout genre que le client pourrait réaliser dans ce cadre.
Quel est le positionnement de la personne prostituée dans cette rencontre marchande ?
Autant l’homme cherche à réaliser son fantasme dans ce passage à l’acte, autant la femme prostituée se trouve en position totalement dissymétrique. A chaque nouveau client son fantasme est effracté. Objet délesté de ses caractéristiques humaines, réduite à une métonymie (elle représente un orifice), elle est consommée dans une jouissance pulsionnelle, hors du champ habituel des plaisirs régit par notre société. Elle est supposée permettre au client de jouir sans contrainte, ce qui va la déshumaniser. Les effets traumatiques produits sur elle-même seront à la hauteur du nombre de clients et du temps passé à ces actes.
Dans la construction masculine nous savons que l’amour sans sexe du rapport à l’objet est possible, l’amour n’est pas nécessaire. Chez les femmes consommatrices de prostitution c’est de l’ordre de l’exception.
Dans l’exercice de l’assouvissement pulsionnel à l’état pur, l’acte va déshumaniser le rapport à l’autre, puisqu’il ne s’agit plus d’avoir recours à la culture justement. Il n’y aura aucun renoncement à la pulsion, l’objet sexe est là pour être joui, sans état d’âme. Comme le renoncement se construit par identification à l’autre, identification est de par nature absente dans l’acte prostitutionnel. Les mondes fantasmatiques sont séparés.
Par ailleurs, nombreux sont ceux qui confient qu’en dépit de l’attente de cette jouissance sans contrainte, leur plaisir reste insatisfait, même limité à l’éjaculation, et pourtant ils y retournent. Pendant que certains sont conscients de la dimension illusoire de ce recours, d’autres parlent de leur dépendance psychologique avec les mêmes mots que les toxicomanes. Ce sont ceux qui pratiquent régulièrement la masturbation devant des images pornographiques mises en scène sur la toile. Ces images banalisées et diversifiées ne sont pas sans effet sur la représentation que nous allons nous faire de notre propre sexualité comme de celle de l’autre sexe. Leur influence sur les rapports sociaux serait à analyser par des psychosociologues. Quelles que soient les causes d’insatisfaction sexuelle pour le client, allant jusqu’à sa détresse, rien de tout cela n’évacue pour autant que le pouvoir économique et social est bien détenu par une personne qui en domine une autre dans la mise en acte d’un fantasme masturbatoire. Il est certain que les femmes prostituées font, en fait, partie du grand ensemble de femmes : “mal traitées”. De plus, les proxénètes les dominent et les soumettent par isolement, intimidation, dévalorisation.
Souvent invisible au grand jour, la prostitution reste inscrite dans notre propre culture. Le mauvais traitement domestique présente les mêmes mécanismes qui régissent la prostitution. Les femmes battues qui subissent cette forme de violence dans le couple peut rappeler le partenaire client ou le proxénète, issu des réseaux mafieux dans la prostitution. Une enquête (4) montre que les hommes violents et abusifs dans leur propre couple sont ceux-là même qui acceptent très bien la prostitution. Que ce soient les violences verbales, les coups, les menaces, ces maltraitances en privé ou dans la sphère prostitutionnelle laissent leur marque jusqu’au traumatisme. Certaines souffrances psychiques sont presque comparables à celles qui font traumatisme pour les rescapées des camps de concentration ou par tortures dans lesquelles les caractères d’humanité ont été éradiqués par des actes dont les conséquences sont la disparition des personnes elles-mêmes.
Pour de nombreux cas, les statistiques confirment qu’un traumatisme sexuel infantile a déjà été vécu sous forme de viol et/ou d’abus sexuel dans lequel bien évidemment l’inceste a une place très importante. Nous constatons hélas, que l’exploitation du corps des femmes, et à fortiori des enfants, est indissociable de l’inceste et du viol. Cela commence par l’abus sexuel de l’enfant qui produira ensuite des symptômes psychologiques tels que la disparition de l’estime de soi, la haine contre soi-même avec automutilation, les troubles de la personnalité, dissociation, sans compter l’usage des abus de drogue en tout genre. La dépression, les angoisses et phobies pourront faire aussi partie du tableau. Des symptômes psychosomatiques tels que dermatose (eczéma, psoriasis), gastropathie (ulcère gastrique ou duodénal, reflux gastro-oesophagien), problèmes rhumatismaux alourdiront les problèmes de santé du corps.
On trouve chez les personnes prostituées et les traumatisés de guerre la même culpabilité qu’éprouvent les enfants violés ou abusés. L’abus sexuel de l’enfant fait empreinte, trace dans le psychisme, traumatisé d’avoir été déjà utilisé comme objet réduit à n’être plus qu’un sexe consommable. Dans ce premier temps le fantasme de l’enfant aura été effracté en raison de la disparité des désirs en jeu. Côté abusé, l’enfant dans sa fantaisie voudra jouer à entrer dans une sexualité adulte par une séduction jouissive faite de curiosité et de pulsion, ce sera comme un rêve éveillé, une tentation bien maîtrisée. Côté abuseur, il s’agit d’un acte génital adulte, d’où la dissymétrie des positions subjectives. L’adulte va réaliser son fantasme dans le réel de la situation de séduction, l’enfant dans un abus n’est plus en mesure de se maîtriser, il ne joue plus à faire comme les grands où à prendre la place de l’autre, il va alors rencontrer l’effraction de son fantasme par ce réel dont il s’était protégé jusqu’alors. Au delà de l’acte sexuel proprement dit, c’est ce réel du sexe, qui n’a rien à voir avec ce qu’il ou qu’elle avait pu construire dans son fantasme, qui est traumatique. Le mot précis : “effraction” du fantasme représente bien l’importance ce qui fait véritablement traumatisme davantage que l’acte lui-même.
Si l’on revient dans le champ de la prostitution, pour la personne prostituée, il ne s’agit même plus de fantasme ni de fantaisie, mais d’être dans l’impossibilité de s’identifier, à être réduite à un objet, réduite à un orifice, c’est-à-dire à un trou.
Quels sont les moyens de défense psychique pour faire face à l’acte prostitutionnel ?
“Pour faire face à ce mode de soumission à l’homme, la femme prostituée mettra en œuvre un processus d’annulation psychique, anesthésiera sa pensée comme le fera la victime des camps de concentration ou celle qui va subir des tortures. Ces personnes souffrent pour la plupart de syndrome post-traumatique, associé souvent à un syndrome de dépersonnalisation dans lequel leur nom et leur identité disparaissent. C’est comme si, le syndrome dissociatif était nécessaire comme système défensif contre l’horreur lors de leur enfermement. Une dissociation psychique donc qui va aussi se manifester sur le plan physique, car la dissociation des deux est impossible, sans procurer bien des troubles tels que le syndrome dissociatif. Pour mieux préciser encore de quoi il s’agit, nous dirons que ce syndrome se présente comme un mécanisme de défense qui permet également de ne plus ressentir physiquement ce qui n’est pas désiré. Du coup, des troubles de la sensibilité à la douleur et aux sensations tactiles, troubles non organiques dus à la dissociation « tête-corps ». Par conséquent, plus la situation prostitutionnelle se prolonge dans le temps, plus l’hypoesthésie va se transformer en anesthésie. Le recours à la drogue devient nécessaire pour mettre en œuvre cette anesthésie dont les conséquences psychiques renvoient à un processus de rupture avec la réalité”. Robert Levy.
Pour celles qui choisissent de s’en sortir, quels sont leur recours ?
Pour celles qui désirent supporter l’insupportable, elles seront obligées de se soumettre à des soins au long cours, afin de pouvoir de nouveau revenir dans l’ordre de l’humain.
Multi-traumatisée psychique et physique ces troubles de la personnalité, du caractère et du comportement ressemblent comme nous l’avons dit aux grands traumatisés de guerre.
Sur le plan médical, toute tentative de proposer des structures ou des actions de soins comme on le fait pour la population générale est vouée à l’échec. En effet, si le concept de corps dynamique et de sujet disparaît, les concepts de soin et de santé disparaissent, car le soin se donne à un être vivant. Ce qui n’est plus symbolisé n’est plus de l’ordre d’une accessibilité à la réalité.
Conclusion:
“Enfin, exactement à l’égal de ce que sont les problèmes des femmes battues, j’insisterai sur la fait que la prostitution est une forme de violence contre le genre et que toute violence physique est une violence sexuelle. Par conséquent, il serait illusoire de penser que l’on pourrait passer de la prostitution à son renoncement en retrouvant simplement un travail et une vie normale. A cet égare, il s’agit d’un véritable problème de santé publique. C’est sur ce point que les associations (5) ont leur partie à jouer, dans l’accueil et le respect de la spécificité et de la singularité de la personne prostituée qui n’est comparable à aucune autre si ce n’est à celle de toute femme maltraitée”. Robert Levy, séminaire en ligne sur le site de l’A.F. (6)
Après le débat, nous allons continuer à parler de prostitution, masculine, qui s’analyse encore différemment. Je vous communiquerai les grands axes qui nous prouvent une fois de plus que selon sa structure propre, (psychose, névrose, et perversion) liée à la castration, et nos trajets différents pour nous situer plus ou moins bien dans notre sexe, nos jouissances et fantasmes diffèreront.
Je vous remercie,
Chantal Cazzadori
Psychanalyste
Membre actif de l’association : Analyse Freudienne
Amiens, 11 janvier 2016
(1) – Entretien avec Isolde Pludermacher, conservateur au musée d’Orsay et co-commissaire de l’exposition, propos recueillis par Etelle Beauseigneur, dans la revue L’Objet d’Art, hors-série 91
(2) – La chambre de la courtisane… Peu d’élus ! article d’Emmanuelle Amiot-Saulnier, issu de la revue l’Objet d’Art, hors-série n°91, p. 54.
(3) – Article de Bertrand Vandermersch, issu du dictionnaire de la psychanalyse sous la direction de Roland Chemama et lui-même. p.358 éditeur Larousse.
(4) – Qui sont les clients des prostituées ? Voir le site doctissimo.fr, une enquête a été réalisée par l’association le Mouvement du Nid. Un rapport remis le 18 octobre 2015 à Nicole Ameline, ministre de la parité et de l’égalité.
(5) – L’association mouvement du nid : mouvementdunid.org
À plus de 70 ans d’action en faveur et auprès des personnes qui sont dans la prostitution.
Les bénévoles sont au cœur de l’action du Mouvement du Nid. Des délégations cherchent des
candidats pour renforcer leurs actions.
(6) – Robert Levy, fondateur de l’Association Analyse Freudienne, (analysefreudienne.net/fr)
tient un séminaire à Paris, sur ce sujet, voir les avatars du sexuel, exposé III, sur le site.
Mon travail est très largement inspiré de ce séminaire, d’autant que Robert Levy a été durant de nombreuses années, superviseur auprès des éducateurs et bénévoles du Nid.