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Parler sexe

« Quand une meuf ne veut pas, est-ce qu’un copain peut la tenir pour qu’on puisse se la faire ? »; « Pourquoi les garçons ne regardent que nos fesses alors que nous les filles on tombe amoureuses? »; « Est-ce qu’avaler du sperme fait grossir ? » « Je n’aime faire l’amour qu’avec un ane, c’est normal? »

Florilège des questions, toutes vraies, inquiétantes, déroutantes, parfois drôles, auxquelles répond le professeur Israël Nisand lors de ses interventions en classe de troisième et de seconde. Nos ados sont ignorants, tous, et sans exception formatés par la pornographie. Le nombre d’avortements chez les mineures a baissé mais reste le plus élevé d’Europe. Et les plaintes pour violences sexuelles ont largement augmenté.

Célèbre gynécologue obstétricien, Israël Nisand se bat pour que l’on parle de sexe dans toutes les écoles, ce sujet crucial, intime et universel, mis à mal par la désinformation, le machisme et l’intégrisme religieux. Dans ce livre, celui qui se présente comme un homme de science, athée, féministe et de gauche, mêle au déroulé de son information sur la sexualité récits et anecdotes d’une carrière brillante au service de tous et toutes. Il aborde simplement masturbation, jouissance, avortement, sexualité(s), violence, inceste, domination masculine, IST, genres, désir et amour aussi. Un manuel indispensable.
Israël Nisand, professeur de gynécologie obstétrique à l’université de Strasbourg, est spécialiste du diagnostic prénatal, de l’IVG, de la procréation médicalement assistée, des questions de bioéthique et d’éthique médicale.


Exposition Musée de Montmartre
Jacques Prevert, le rêveur d’images, du 18 octobre au 16 février 2025

Ce livre choc sur les questions sexuelles a le mérite de parler vrai, dans un langage précis et abordable par le public visé : nos adolescents qui ont si bien « joués » le jeu, lors d’interventions d’un professeur de gynécologie, en classes de 3eme et seconde.
Leurs propres questions énoncées anonymement requièrent une demande d’explicitation simple, directe et documentée par cet expert de la question : Israël Nisand et Pauline Delassus.
Cet ouvrage, indispensable également pour tout adulte qui souhaite transmettre à son tour comment sortir des inepties propres à ce domaine tabou, aujourd’hui dominé par la pornographie.

Un livre-cadeau pour s’émanciper et faire de sa vie sexuelle une aire de plaisir respectueuse du consentement de chacune, chacun.

Chantal Cazzadori
Psychanalyste

L‘utilité de prendre la parole sur le thème de la sexualité devant des adolescents n’a d’égal que sa complexité. C’est un exercice difficile parce que les jeunes, dans notre pays, ne sont pas habitués à parler de sexualité avec des adultes. Il est particulièrement contre-productif de se présenter dans une classe sans avoir été préparé. Mieux vaut s’abstenir que de laisser des personnes insuffisamment formées en la matière intervenir en milieu scolaire et risquer de mêler à leur discours des a priori sexuels ou de fausses informations. Nous avons tardé, en France, à rassembler les ressources humaines nécessaires à l’application de la loi de 2002 qui prévoit des cours sur la vie affective et sexuelle durant toute la scolarité. L’enjeu est avant tout féministe. Ouand les jeunes sont mal informés sur la vie affective et sexuelle, ce sont d’abord les femmes qui en payent le prix. Ce sont elles qui subissent les conséquences des grossesses non souhaitées et des violences suscitées par la pornographie. Ce sont elles qui peuvent être influencées, voire traumatisées, par des comportements liés aux poncifs du patriarcat, sans cesse renouvelés et consacrés par les religions. Inutile de légiférer contre le harcèlement des femmes dans la rue si l’on n’éduque pas préalablement les jeunes garçons à ce qu’est le consentement. Il est paradoxal de s’étonner que la violence entre les sexes et les genres ne faiblisse pas, quand la pornographie, source puissante de désinformation, tient lieu d’éducation. Les droits des femmes et l’égalité entre les sexes, espérés et promus par notre société, dépendent d’abord des cours donnés aux adolescents sur la sexualité, la vie sentimentale, le désir, les joies et les dangers qui en découlent. Cette éducation n’est pas facile à transmettre. Savoir tenir des propos qui tiennent compte de l’environnement culturel et sociologique des ados, tout en reflétant nos idéaux républicains, est un enjeu qui implique préparation et réflexion. Le savoir-faire en ce domaine s’acquiert par un apprentissage théorique mais aussi par un compagnonnage dans la pratique. On peut tout savoir sur le sexe et ne pas être capable d’aborder sainement la question devant des élèves. Le chemin sera long avant que notre pays ne se dote d’un arsenal éducatif digne d’un État moderne en matière d’information sur la sexualité. De nombreuses nations nous ont précédés en ce domaine. En France, il manque à ce sujet une véritable et courageuse détermination politique. Il y existe une hétérogénéité importante sur le territoire, avec, heureusement, dans de rares régions, des bonnes volontés et des associations dont l’objectif est de pallier l’absence d’efficience des gouvernants. Informer nos enfants, dépasser les déclarations de principe et les effets d’annonce, c’est s’assurer qu’on respecte les libertés individuelles et le droit de chacun à disposer de son corps, c’est affirmer la volonté d’une véritable émancipation des femmes de France.

Extrait de la conclusion du livre d’Israël Nisand
Paru chez Crasset
Dépôt légal en février 2024.